Château Chasse-Spleen

Est-ce Lord Byron ou Charles Beaudelaire qui est à l’origine du nom du domaine ? On dit que le premier trouvait que ce vin n’avait pas son pareil pour chasser le spleen alors que le second a séjourné chez Odilon Redon, voisin du domaine, auteur des illustrations de Spleen et des Fleurs du Mal. Aujourd’hui encore, les avis sont partagés…
Toujours est-il que Lucrèce Castaing, la première propriétaire de domaine qui ne s’appelle pas encore Chasse Spleen, bénéficia de parcelles parmi les meilleures de la croupe de Grand Poujeaux. Créé trop tardivement pour faire partie du classement de 1855, le Château Chasse-Spleen devra patienter jusqu’en 1932 pour être classé Grand Cru Exceptionnel. C’est donc sous l’impulsion de Rosa, qui aime réunir amis et artistes dans son salon, que le domaine de Castaing Grand Poujeaux prend le nom de Chasse-Spleen en 1863. Délaissé par les héritiers de la famille, il est racheté en 1912 par les Segnitz, spécialistes du commerce de vins de Bordeaux depuis plusieurs générations. C’est l’occasion pour le Château Chasse-Spleen de se faire une belle notoriété en Allemagne. Considéré comme un bien appartenant à l’ennemi, il tombe dans l’escarcelle de la République. C’est Prosper Lahary, un riche propriétaire forestier landais qui le rachète en 1922. Franck succède à son père et se prend de passion pour l’activité là où son père ne voyait qu’un placement financier. Pendant près d’un demi siècle, il y fera un travail remarquable avant de se retirer en 1977. Vendu à Jacques Merlot, un bordelais issu d’une lignée de magistrats à la tête de plusieurs grandes propriétés. Déjà âgé, ce sont ses enfants et petits-enfants qui gèrent le groupe. C’est aujourd’hui l’une d’entre-elles, Claire Villars, qui est à la tête du domaine

Le vignoble de 102 hectares (avec un encépagement en cabernet sauvignon, merlot et petit verdot), constitué de quatre parcelles, est essentiellement situé sur un terroir profond et graveleux, et comprend de très vieilles vignes. Cultivées de manière traditionnelle, les vignes sont vendangées à la main. La vinification s'effectue, selon les lots, soit en cuves inox thermo-régulées soit en cuves ciment revêtues d’une résine époxy. La macération dure environ un mois puis le vin est élevé en barriques de chêne sous la houlette de Jacques Boissenot, célèbre œnologue grand spécialiste du Médoc.
Le Château Chasse-Spleen n’est pas qu’un nom légendaire et romantique, c’est surtout un vin peu commun qui sait jouer à merveille la carte de la séduction.
Le constat est le même avec Héritage de Chasse-Spleen, le second vin du domaine, qui présente de nombreuses similitudes avec son aîné.

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